dimanche 14 novembre 2010

MICHELE RAKOTOSON

Ma petite sœur m'a demandé ce matin si je connaissais Michèle Rakotoson.
Je lui ai répondu qu'elle m'était inconnue.
Il s'agit en fait, d'une journaliste et d'une écrivain malgache qui la semaine prochaine va passer par la bibliothèque dont s'occupe ma sœur en Touraine.
Ma curiosité naturelle m'a lancé sur sa piste à travers la toile. Et voici le fruit de mes recherches.

Journaliste et écrivain (romancière et dramaturge), Michèle Rakotoson naît le 14 juin 1948 à Antananarivo (Madagascar). Issue d'une famille d'intellectuels protestants, elle effectue ses études primaires et secondaires à Antananarivo, terminant son baccalauréat au lycée Jules Ferry, avant de faire sa licence de lettres malgaches à Madagascar, puis un DEA en sociologie à Paris.

Après avoir été professeur de lettres à Madagascar et metteur en scène, elle quitte Madagascar en 1983 pour des raisons politiques. À Paris, elle travaille comme journaliste à la radio (Radio France Internationale et France Culture) et à la télévision (RFO-AITV). En 1990, elle devient responsable des manifestations littéraires à RFI, s'occupant notamment du concours des inédits de RFI-ACCT, du Prix RFI-Témoin du Monde et d'autres activités littéraires et culturelles. En 2008, elle quitte RFI pour s'occuper à plein-temps du projet Opération Bokiko, un projet de relance de l'édition et du livre à Madagascar.

Elle est auteure de plusieurs pièces de théâtre qui sont jouées sur scène en Afrique, en Europe et en Amérique. Sambany, par exemple, raconte l'itinéraire d'une femme stérile et de sa révolte ; pièce écrite en versions différentes (en français et en malgache), Sambany est devenu un classique du théâtre malgache et du théâtre de femmes. La cinquième pièce de l'auteure, Le fripon de l'Océan indien, évoque les thèmes du sida, de l'amitié et de l'approche de la mort.

Dans une œuvre centrée essentiellement sur la recherche de la culture et de l'identité malgaches, Michèle Rakotoson revisite les traditions et les coutumes. Dans un premier roman d'une écriture limpide et hypnotique, Le Bain des reliques, elle reprend la tradition des Famadihanades et du fitampoha, les secondes funérailles où les Malgaches font le retournement des os des défunts. Dans Hennoÿ, c'est la place des morts dans les souvenirs et la place de l'esclavage qui sont au centre de l'oeuvre. Son quatrième roman, Lalana (ce qui veut dire à la fois « la rue » et « la loi »), est le plus dense et le plus mythique. D'une écriture majestrale, la romancière trace le parcours vers la mer de ses deux protagonistes, de jeunes artistes d'Antananarivo dont l'un, malade du sida, n'a jamais vu la mer. Tout au long de leur voyage, l'auteure évoque la capitale et le paysage du pays, accompagnant ses héros de fantômes ancestraux, non sans une certaine révolte dans l'évocation des injustices racistes et sociales du pays, et la dégradation de son environnement naturel.

Avec la publication de Juillet au pays; chroniques d'un retour à Madagascar en 2007, Michèle Rakotoson passe au récit autobiographique dans un retour aux sources et sur la place que peut occuper ou réoccuper les gens qui ont quitté leur pays et qui vont peut-être y retourner. « En vacances chez elle », l'auteure retrouve les lieux de son enfance, posant la grande question de la place et de la légitimité du regard de la diaspora.

La part prépondérante et essentielle de la littérature sur toute sa vie s'explique, dit-elle, par le rôle de la littérature dans sa famille : son père était journaliste et sa mère bibliothécaire. Enfant, elle passe beaucoup de temps chez ses grands-parents paternels : son grand-père était médecin et sa grand-mère écrivait des pièces de théâtre. Son oeuvre parle presque exclusivement de Madagascar, traquant en partie cette part de son enfance, comme une quête d'une mémoire perdue ou déniée.

Activiste, elle s'engage activement dans les combats politiques à Madagascar, notamment pendant les événements de 2002, par exemple, où elle organise la campagne de presse internationale pour protéger les Malgaches en grève contre le régime de Didier Ratsiraka. Elle est marraine d'associations malgaches telles NGM (Nouvelle génération malgache), Hetsika Diaspora et Respir. En 2002, elle a dirigé l'équipe de communication du CIDDM (comité démocratie à Madagascar). Michèle Rakotoson est également sur le conseil de nombreuses manifestations malgaches en France.

Militante infatigable, Michèle Rakotoson initie en 2004 le projet Bokiko, une fédération d'associations de la diaspora et de Madagascar qui reprennent en main un certain nombre de projets d'édition solidaire (ayant déjà publié plusieurs ouvrages en malgache, en français et bilingues), aident à organiser des stages pour les éditeurs et créent des journées littéraires. Depuis 2007, elle est présidente de l'Opération Bokiko.

Dossier Michèle Rakotoson préparé par Thomas C. Spear

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